Nul ne peut s’appuyer sur des
propos simplistes ou sur des caricatures pour réfléchir au choix que nous
devons faire ce dimanche 7 mai. L’élection présidentielle mérite mieux !
Garder raison est fondamental afin que chacun vote avec sagesse. La haine ou la
violence, d’où qu’elle vienne, verbale ou physique, n’est pas tolérable et fait
toujours du mal en divisant. Nous, catholiques, nous voulons, avec d’autres, travailler
au « bien commun » !
En gardant raison, trois points
au moins apparaissent :
1. La
construction de l’Europe demeure un enjeu essentiel pour la paix, en nos pays
et dans le monde. Le pape François recevant le 24 mars dernier les chefs d’État
européens ne s’y est pas trompé : « Je pense que l’Europe mérite
d’être construite. » Robert Schuman, dont la cause de béatification est en
cours, exprimait le vœu que « l’Europe préfigure la solidarité universelle
de l’avenir ». Que grandisse donc la solidarité pour que la paix – si
chère et si fragile – perdure sur notre continent ! Voilà une belle et
grande ambition, certes pas facile, mais qui devrait tous nous entraîner !
2. L’amour
du pauvre et l’accueil de l’étranger sont au cœur des Évangiles et de toute la
Bible. Sur le terrain, je rencontre tant de personnes qui agissent de façon
déterminée dans ce sens, que ce soit dans les paroisses ou dans les
associations : les pauvres et les étrangers deviennent leurs amis. Les derniers
Papes n’ont pas cessé de nous appeler à nous engager sur cette voie qui construit
l’avenir. En Égypte, le pape François vient de rappeler l’importance de
« l’amitié entre des traditions différentes ». L’Europe, avec notre
pays en son sein, doit en donner l’exemple, comme le voulaient ses Pères
Fondateurs soucieux de paix. Que la charité chrétienne continue de produire ses
fruits, aussi difficile cela soit-il ! Cette charité a irrigué notre Grand
Ouest et le fera encore. Voilà une promesse qui donne du souffle !
3. Bien
sûr, nous entendons la clameur de ceux qui sont délaissés ou oubliés. Nous
sentons bien qu’un effort nouveau, courageux et déterminé doit être fait pour
que la pauvreté recule. Libérer l’économie dans la justice pour tous et dans
l’adaptation du travail pour tous est un enjeu essentiel. Sur le terrain, j’ai
rencontré des acteurs économiques et sociaux qui travaillent jour après jour « pour
une économie humaine », c’est-à-dire une économie qui inclut chacun sans
exclure personne. Le pape François l’a rappelé le 4 février dernier en osant
cette formule : « l’économie de communion ». Cette économie se
développe en étant ouverte sur le monde. Voilà un beau et nécessaire défi qui
mobilise les énergies dans le bon sens !
C’est pourquoi, nous,
catholiques, nous nous sentons appelés à voter dans le sens de cette ambition,
de cette promesse et de ce défi.
Rennes, le 28 avril 2017
+Pierre
d’Ornellas
Archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo